Paris le 12 novembre 2013
Chers tous,
Je ne serai pas ce matin au Centre Georges Pompidou pour une nouvelle sélection annuelle au rabais de candidats pour le programme dit de "Recherche sur la mondialisation". Une fatigue qui s'impose. Un refus de cautionner encore l'imposture. J'ai dès le début de ce projet manifesté auprès du centre une collaboration qui n'a bien évidemment jamais reçu un retour quelconque. Je sais ce qu'est le racisme, je sais faire avec mais la bêtise je ne peux plus.
Il est peu évident d'introduire dans ce pays des "territoires" savants extérieurs au modèle occidental. Et j'entends que la communauté des historiens d'art ne parvient pas à accueillir en son sein les nombreux talents qui partent s'exercer ailleurs. J'assume de vouloir faire entendre un modèle français de recherche ouvert sur la diversité et la compréhension des changements du monde. Mais que dois-je constater ?
On annonce à Beaubourg un "symposium international sur la mondialisation" dans lequel aucun doctorant ou chercheur français issu du Maghreb, de l'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Asie n'est présent. Et pourtant se sont les premiers à avoir inauguré ce champ de recherche mais on veut l'ignorer. Hélas, c'est à gorge déployée que le monde rit de nous et de cette farce. On dit que c'est "une réunion de petits blancs entre blancs" ce qui n'a échappé à personne, mais dont on se doit de répondre.
En France le racisme et la bêtise prennent des proportions qui jusqu'à hier faisaient encore rire. Mais que peut-on encore dire aujourd'hui de la honte que fait tomber sur nous chaque jour cette médiocrité franchouillarde affichée.
"Tout changer pour que rien ne change" a été la marque de fabrique d'une certaine catégorie d'individus qui n'aspire aucunement à faire advenir en France l'émergence d'une exigence critique issue et née d'expériences historiques écartées jusqu'à présent et qu'ils voudraient maintenir encore à l'extérieur de notre histoire.
Taire la médiocrité d'une telle imposture n'est plus souhaitable. Refuser d'y participer est salvateur.
Zahia RAHMANI
Ecrivain
«C'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal[1] »